Le 24 avril, nous arrivons à Bangkok depuis Denpasar en Indonésie. Nous atterrissons à l'aéroport Dom Muang, le même aéroport où nous atterrissions il y a maintenant plus de 30 ans en 1981 encore novices en matière de voyage.

Bangkok a pris des allures de mégalopole. Nous rejoignons la ville en bus toujours climatisé à l'excès. Il nous faudra pas loin de 2 heures pour arriver à notre destination finale : le quartier Thewet. Cette ville est trépidante mais elle recèle encore bien des pépites, mille choses à observer. Des temples superbes, mon préféré le Wat Pho qui abrite un bouddha couché recouvert d'une feuille d'or, il mesure 45 mètres de long et 15 mètres de hauteur. Ses pieds sont joliment incrustés de nacre. Chinatown et le quartier Indien, des quartiers grouillant de vie qui met tous nos sens en éveil, les marchés couverts, les coins bucoliques à découvrir en barque, des centres commerciaux modernes et une vie nocturne animée. Bref une ville qui n'en finit pas de nous émerveiller.

Nous sommes encore indécis à savoir quel va être notre prochain itinéraire la Birmanie, la Thailande du nord ou du sud. Après quelques rencontres et discussions avec des routards, puis moults réflexions, nous décidons de partir au Myanmar (ex Birmanie).

Nous nous rendons au plus vite à l'ambassade de Birmanie avec 2 photos et notre passeport en poche ainsi que 25 dollars chacun pour l'obtention des visas. Après avoir rempli les formalités d'usage nous sommes heureux d'apprendre que nous pourrons les récupérer dès le lendemain. Nous réservons nos billets d'avion car il est difficile de rentrer au Myanmar par voie terrestre. Les billets achetés à Air Asia ont pris 40 euros de plus en une nuit, nous les aurons à 300 euros aller retour pour tous les 2. Important aussi de retirer des dollars pour tout le séjour, billets neufs et sans le moindre défaut car les Birmans les refusent.

Le 28 avril 2013, nous voici partis pour une dizaine de jours vers le pays birman. Il nous faudra moins d'une heure, pour atterrir à l'aéroport de Mingaladon le seul et unique à Yangoon anciennement appelé Rangoon, capitale et ville d'histoire qui accueille diverses communautés religieuses: bouddhiste, musulmane et catholique. Là-bas le temps est encore embaumé d'un parfum d'innocence et de la mélancolie des temps anciens. Les femmes sont naturellement belles et distinguées, maquillant leurs visages d'une curieuse poudre blanche appellé tanaka, leur secret de beauté depuis 2000 ans. Les Birmanes obtiennent celle-çi en frottant l'écorce de l'arbre tanaka sur une pierre plate et douce en y ajoutant quelques gouttes d'eau, de cette technique, résulte une pâte pâle et jaunâtre à utiliser sans modération sur le visage et le corps. Elle permet de ralentir les effets du vieillissement et protège des méfaits du soleil.

Le costume traditionnel aussi bien chez l'homme que la femme s'appelle le longyi, sorte de jupe longue très large qu'ils nouent autour de la taille en un geste rapide en formant un gros noeud porté sur le nombril chez l'homme et sur le côté chez la femme. Tous portent des tongs la chaussure universelle et unique du pays, pratique à enlever pour se rendre au temple.

Notre périple se poursuit en bus de nuit vers la vallée de Bagan au nord de Yangoon. Photogénique et magique, Bagan est devenue le coeur touristique de la Birmanie. Véritable bijou, ce sanctuaire de plus de 2000 pagodes et temples au milieu du désert et de nulle part, sous une chaleur avoisinant les 45°, semble irréel. C'est en calèche que nous sommes partis à la rencontre de ces merveilles. Le nombre de pagodes et de temples erigés entre le XIe et le XIIIe siècle témoigne de la prospérité que connut la région sous le règne d'Anawratha. Nous terminons la visite au moment où le soleil se couche, la lumière est moins crue et se dévoile alors le fragile équilibre d'ocre er d'or de la forêt de pagodes. L'unique inconvénient est que nous avons la voûte plantaire cramée par les pierres chaudes des temples qu'on visite bien sûr les pieds nus. Le lendemain, Bernard décide de retourner à vélo sur le site et moi je reste tranquille sur la terrasse de la guesthouse à rédiger le prochain blog. Des bruits de musique et de fête me sortent de ma quiétude, je me précipite dans la rue et là j'ai le grand privilège d'assister à la procession du Shin Pyu. C'est la cérémonie d'ordination, étape fondamentale qui marque la vie des jeunes hommes. Des garçons d'une dizaine d'années habillés de costumes traditionnels colorés et étincelants, les yeux et les lèvres maquillés trottinent sur des chevaux également joliment parés. Suivent dans le cortège, parents et amis avec des offrandes qui seront offertes au temple; des charrettes fleuries traînées par des boeufs, à leurs cornes une multitude de grelots. Un grand buffet est organisé pour l'évènement qui fait la fierté de la famille. Nous gardons de Bagan la chaleur écrasante et les coupures d'électricité (pas de clim ni ventilateur) où nous nous retrouvions dans notre cellule de chambre à suffoquer et à s'hydrater en buvant des litres d'eau.

Le 1er mai, nous continuons notre périple pour le lac Inle à 300 kms de Bagan. Le voyage est long, le bus ne roule pas à plus de 50 km/h durant tout le trajet et l'état des routes est cahotique.

La traversée du plateau Shan nous offre des paysages variés où alternent jungle et monts pelés. Au terme de 10 heures de route, nous arrivons à Nyaungshwe au nord du lac Inlé. Après la route aride, nous découvrons ce village, avec ses rizières inondées et ses buffles nageant sereinement dans les fossés. La chaleur plus acceptable est un soulagement. L'atmosphère est joyeuse et détendue.

Dès le lendemain, nous passons la journée sur le lac. A 7h30, nous embarquons avec 3 autres passagers sur une longue barge, assis les uns derrière les autres dans de confortables sièges. Après une quinzaine de minutes, nous découvrons l'immensité du lac entouré des imposantes montagnes Shan. La région est habitée par les Inthas qui vivent de la pêche, des cultures maraîchères et de l'artisanat. C'est le calme plat que vient troubler des gerbes d'eau des barges à moteur au loin. La partie nord du lac est essentiellement réservée à la pêche. D'une technique particulière qui leur est propre, les Inthas pagaient uniquement avec une jambe laissant leurs mains libres pour le filet et la pique. En équilibre debout à l'extrémité de la barque, chaque coup de rame est donné à l'aide de la main droite poussant la poignée de la rame alors que la jambe droite enroulée autour de la rame tire celle-ci.

Première halte au marché de Maing Thauk. La semaine des marchés tourne en fonction du calendrier lunaire, le cycle des rotations dure 5 jours. C'est un marché local, typique, principalement achalandé en produits alimentaires. Il y a très peu de choses pour les quelques touristes présents mais nous arrivons quand même à dénicher une jolie tête de bouddha en bois de teck qui complètera à merveille notre collection.

Nous nous frayons un chemin à travers les jardins flottants, accumulation pendant des milliers d'années d'herbes et de sédiments. Ces masses d'humus qui s'amalgament sur environ un mètre d'épaisseur forment des terrains flottants d'argile et de boue sur lesquels les habitants du lac cultivent des légumes..

Enfin, nous visitons une fabrique de cheroots. Pour une poignée de kyats (monnaie birmane) on peut se procurer ce long et fin cigare dont les femmes birmanes raffolent. Ils sont exclusivement fabriqués par celles-ci de façon artisanale. Ces ouvrières étant payées à la pièce, on vous assure que le travail, fourni avec minutie et dextérité reste soutenu. La recette est simple, un filtre en papier et des arômes exotiques tels que banane, anis, herbes ou épices diverses, le tout roulé dans une feuille de cardia dichotoma. J'y ai vite pris goût, il laisse sur les lèvres un goût sucré et surtout il est complètement naturel.

Pour finir un jeu que nous avions rencontré en Chine et dont les Birmans s'adonnent dans la rue ou les espaces verts, c'est le Chilon ou jeu de la balle de cane. Ce divertissement a été conçu pour l'assouplissement du corps. Le but du jeu est de garder la balle aussi longtemps que possible en l'air sans la toucher avec les mains. Il est pratiqué généralement pieds nus.

Le 09 mai, nous retournons au pays pour une vingtaine de jours de "vacances". L'occasion d'aérer nos bagages mais surtout faire le plein de bonheur de retrouver les nôtres qui nous ont bien manqué quand même. Et après cap sur le Japon et tour du monde jusqu'à la fin de l'année.

Bangkok - Myanmar

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