Pérou

Après avoir quitté le Chili et son lot d'incidents malheureux, nous arrivons au Pérou. Pays connu pour ses civilisations précolombiennes, en particulier "Les Incas", qui ont dominées une partie de l'Amérique du Sud jusqu'à l'arrivée des conquistadors espagnols au XVIe siècle.

Notre première étape se situe à Arequipa, deuxième ville du pays en population. Entourée de zones désertiques et de volcans altiers, cette ville possède un riche patrimoine classé  par l'Unesco. Impossible de ne pas venir flâner sur la pittoresque Plaza de Armas, lieu de rencontres hautes en couleurs où les locaux viennent flâner et discuter. Les arcades d'anciens bâtiments coloniaux évoquant la présence espagnole occupent trois de ses côtés, là se nichent les boutiques à touristes.  L'impressionnante cathédrale avec ses nombreuses colonnes à chapiteaux et ses deux tours style renaissance occupe, quant à elle, le côté nord de la place.

Un des sites les plus étonnants: le monastère de Santa Catalina, le plus grand couvent du monde, abritant de nos jours encore une communauté de soeurs carmélites. Il a été rénové de meubles et tableaux d'époque. C'est une petite ville fortifiée avec ses ruelles portant les noms de villes d'Espagne, les petites cellules des nonnes confortables pour l'époque, ses murs enrichis de fresques encore bien conservées, ses fontaines de pierre blanche, ses cloîtres. Ocre, indigo, orange illuminent le style architectural austère. Avec Jo, ça mitraille dur...il y a des photos superbes à faire.

 Prochaine destination, Cuzco, ancienne capitale de l'empire Inca, nichée au coeur des Andes à 3400m d'altitude. L'intérêt de la ville réside surtout dans son architecture coloniale ainsi que ses sites incas environnants dont le notoire Machu Picchu. Dominée par sa cathédrale à l'imposante façade baroque provenant d'un temple inca,  la Plaza de Armas est, comme dans toutes les villes d'Amérique latine, le poumon de la cité. C'est un lieu de rencontres, d'échanges, de discussions; les jeunes gens y prennent aussi du bon temps, il y règne une atmosphère conviviale. Nous commençons à ressentir les premiers symptômes de l'altitude; Maux de tête et essouflements. Ici les rues sont pentues, remonter à l'hôtel exige un effort éprouvant.

 Par l'intermédiaire de Yuri notre hôte, nous réservons sur 3 jours un véhicule avec chauffeur pour se rendre dans la Vallée Sacrée des Incas. Plusieurs sites sont visités lors de la première journée autour de cette vallée traversée par la rivière Urubamba et bordée de champs de maïs. D'abord les sites archéologiques Incas de Pukapukara et Pisac où l'on peut admirer de près l'incroyable appareillage des pierres taillées dont les formes complexes et les nombreux angles s'ajustent avec une extrème précision, garantissant ainsi, sans aucun liant, une solidité séculaire des ouvrages. Ensuite le site archéologique d'Ollantaytambo, sa forteresse et ses fameuses terrasses. Dernier arrêt à Chinchero, un village perché à 3760 m pendant que le soleil se couche. Depuis un moment, Max, notre chauffeur, a changé d'attitude. Il téléphone souvent puis nous explique que la voiture a des ennuis mécaniques et qu'il doit impérativement se faire livrer une pièce à remplacer. De fait, ils ne sont pas moins de cinq pour nous livrer...des plaquettes de frein. Surprenant ! Encore plus surprenant, alors que la nuit tombe de voir notre chauffeur quitter la route et suivre un chemin de terre jusqu'à stopper dans un champ. Pardi c'est l'endroit idéal pour changer les plaquettes ! On installe le cric, on tombe une roue; Max tergiverse alors que pas très loin se dessinent les silhouettes et se font entendre les voix de ses complices. On sent l'arnaque et le piège se refermer. Avant qu'il ne soit trop tard, pris pour pris, Il nous faudra hausser sévèrement le ton et menacer physiquement notre brigand pour le faire céder et mettre fin à ses malhonnêtes intentions. On revient de loin !

Le lendemain, changement de chauffeur pour se rendre aux ruines de Moray, un ancien centre de recherche agricole Inca, puis aux salineras de Maras où un bon millier de bassins de sel sont exploités depuis des siècles. Chaque famille est propriétaire d'une parcelle lui permettant de récolter sa production. On peut admirer la splendeur de ces terrasses d'un panel rose saumâtre au blanc le plus éblouissant. Du sel en montagne ! Qui l'eût cru ? Retour à Ollantaybambooù le train de Pérurail nous dépose à Aguascalientes, ville relais au pied du Machu Picchu. L'après-midi, nous allons goûter aux vertus des bains d'eaux chaudes sulfurés dans des piscines à l'hygiène hélas douteuse.

Le troisième jour, debout à 4h30 alors que la pluie n'a cessé de tomber de la nuit. Il y a déjà la queue pour attraper le bus alors qu'il y en a toutes les cinq minutes. C'est dire qu'il y aura du monde sur le plus célèbre des sites incas. Les plus courageux monteront à pied. Nous choisissons l'option de redescendre à pied nettement moins éprouvante. Bien entendu, le Machu Picchu, oeuvre maîtresse de l'architecture inca reste le site incontournable d'un voyage au Pérou. L'immensité du site permet de diluer les flots de touristes permettant ainsi d'arpenter les allées sereinement. Nonobstant les craintes d'une dégradation rapide des lieux.

Nous partons maintenant pour la ville de Puno avec la compagnie d'autocars Tour Peru. Les derniers lacets nous gratifient d'une vue dominante sur le lac Titicaca avant de plonger dans la ville. Comme à Potosi en Bolivie, la ville est en effervescence pour 3 jours de fête. Il s'agit de célébrer l'anniversaire de la fondation de la ville et les défilés "civico militar" vont se succéder aux sons bruyants et si peu harmonieux des fanfares. Nous sommes là au bon moment!

Nous prenons place à bord d'une embarcation à fond plat en direction des îles flottantes d'Uros situées à quelques heures de navigation. Ces îles reposent sur une couche organique sur laquelle flotte le tortora qui est un roseau. Tous les 8 mois le roseau sèche, tombe, et une nouvelle pousse apparaît sur une couche supplémentaire. Ces blocs d'assise sont ensuite reliés entre eux par des cordes puis au fil du temps des couches de tortora se superposent en se croisant de façon à former un sol souple sur lequel des habitations en tortora reposent. Des familles vivent à l'année sur ces îles. S'il y a discorde, rien de plus simple : A l'aide d'une scie, on sépare l'île en deux blocs, ainsi chacun se retrouve chez soi. Les barques sont également fabriquées avec cette matière première et les enfants se rendent à l'école par ce moyen, se risquant parfois à affronter les eaux tumultueuses du lac. Enfin ce tortora, qui est véritablement vital pour ces autochtones, se trouve être comestible dans sa partie blanche bien que n'étant pas d'une grande saveur.

Encore 3 heures de navigation dans les eaux agitées du lac pour rejoindre l'île de Amantani où nous passerons la nuit. Une famille nous y attend. Augustinino et sa femme Yocena nous ouvrent leur maisonnette toute simple. Une courette, un petit potager, deux chambres à l'étage. Le repas est déjà prêt : Soupe de légumes et quinoa, riz, pommes de terre et fromage grillé pour terminer. Nous en profitons pour leur offrir les quelques présents achetés à Puno. Après une courte sieste, nous voici repartis pour l'ascension du sommet de la montagne où culmine le temple de Pachatata à 4150 m. Souffle court, pas hésitants et migraine sont le lot de tous. Trop dur pour Daniel qui rebroussera rapidement chemin. Là haut la vue qui s'offre sur le lac, les îles, les côtes péruviennes et boliviennes, les aiguilles andines recouvertes de neige est splendide. De retour, une réconfortante tisane nous attend, à base de feuilles de coca et de munia, une plante naturelle de l'île. Ce cocamunia est un excellent breuvage pour l'estomac et le soroche, le mal des montagnes.

Il faut seulement 1 heure de bateau pour accoster sur l'île de Taquile. Ici les habitants portent le costume traditionnel avec un bonnet dont les couleurs ou une zone blanche permettent de savoir si ceux ci sont célibataires ou mariés. Les hommes ne se serrent pas la main pour se saluer. Portant tous une sacoche de laine à la ceinture, ils sortent de leur besace quelques feuilles de coca qu'ils s'échangent en guise de salutation.

Nous terminons notre séjour péruvien en assistant toute une journée à la parade festive de la ville de Puno. Des heures durant, des hordes d'adultes, d'adolescents, de bambins représentant les écoles, les structures et organismes locaux défilent aux sons des fanfares. Sous des banières explicites, avec force déguisements et mises en scène, des thèmes sociaux dans un objectif de prévention sont mis en avant : Délinquance, risques de la route, violences conjugales, protection de la planète, hygiène de vie etc. Sous des déguisements d'une incroyable richesse, fruit d'une imagination débordante, chantant, dansant, sautant, gesticulant, des centaines de participants versent dans l'allégresse et la folie du carnaval.