Chili: de Santiago jusqu'à l'extrème nord
Nous arrivons à Santiago du Chili début octobre. Jocelyne, la soeur de Maryse et une paire d'amis, Laurence et Daniel nous attendent dans l'appartement qu'on loue au coeur de la ville, dans le centro. Ils arrivent de France ce matin même et nous arpenterons une partie de l'Amsud tous ensemble jusqu'au 17 décembre.
3 journées dans la capitale sont largement suffisantes. Nos voies respiratoires sont en souffrance et les yeux larmoyants comme les narines aqueuses résultent de cet air vicié. Cette pollution est nettement visible au sommet du cerro San Cristobal qu'on atteint par un funiculaire d'une autre époque. De là haut on aperçoit nettement l'épais manteau brun qui plane sur la mégapole. On apprécie aussi la superbe vue panoramique sur tous les quartiers de la ville et sur les monts enneigés des contreforts Andins.
Nous traînons souvent dans le quartier de Bellavista. Les rues sont bordées de maisonnettes colorées, les terrasses de restos et cafés encombrent les trottoirs, et les universités toutes proches vomissant leurs jeunesse rendent cet endroit vivant et sympathique. Tout à côté, une des résidences de Pablo Neruda s'accroche à la colline. La visite s'impose.
Deux heures de bus et même moins pour gagner Valparaiso et la côte Pacifique. Bernard, un défroqué, patron de" la maison de la mer" vient nous chercher à la station des bus. Pour regagner sa pension, ça monte rude, ça grimpe dur et sa bagnole toussote. Valparaiso on y vient pour ses fameuses collines, les cerros, sur lesquelles les maisons aux couleurs chatoyantes s'agglutinent. Il faut savoir se perdre dans ces ruelles en montagne russe en empruntant ascenseurs et funiculaires encore en service.
Attention toutefois à ne pas traîner n'importe où. Des passants bien intentionnés nous préviennent plus d'une fois de ne pas aller plus loin. Leurs précieux conseils ont certainement sauvegardé nos sacs à dos. Il est vrai que certains coins ne sont pas des plus engageants. Les environs du port sont crasseux, tagués, défoncés. La misère sévit et de pauvres gens alcoolisés et drogués traînent leur désespoir sans fin. A fuir impérativement à la tombée de la nuit.
Pour voir la ville sous un autre angle nous embarquons pour quelques pesos sur un bateau. Pas nécessaire de prendre la mer, quelques ronds dans l'eau du port offre un panorama complet sur les cerros d'une belle délicatesse de ton et sur la ville de Vina del Mar toute proche. En prime le capitaine nous donne l'occasion de saluer deux lions de mer et une otarie se prélassant sur une bouée flottante. On aime bien cette ville attachante.
400 km et des miettes plus au nord, nous faisons étape à La Serena .C'est une bonne base pour différents circuits de visite. Notre choix se porte sur la vallée de l'Elqui, terre fertilisée par le Rio Elqui où se cultive essentiellement la vigne qui donne la fameuse eau de vie Pisco. Le contraste est frappant entre la verte vallée et les hautes montagnes désertiques sur lesquelles seuls les cactus sont autorisés à tenir compagnie aux cailloux.
Dans ce pays d'une longueur sans fin, les voyages en bus s'éternisent. Pas moins de 17 h pour traverser le désert jusqu'à San Pedro de Atacama. On est bien content d'arriver et de poser nos affaires à l'hôtel "Los Musicos" où Brigitte reçoit ses visiteurs en toute simplicité. Il y a de belles balades à faire dans le coin à condition de bien appréhender le désert. Notre voisin de chambre est parti hier soir pour une sortie VTT en short et chemisette, histoire de voir le soleil allonger les ombres dans la plaine. ll cherchera en vain le chemin du retour et se résignera à sautiller sur place toute la nuit pour lutter contre le froid. La chance lui sourira au matin quand il apercevra au loin la poussière soulevée au passage d'une voiture.
Aux premières heures du jour, alors que l'aube n'est encore qu'une promesse derrière les rideaux, nous partons pour le volcan Tatio à 4300 m d'altitude. Laurence est souffrante et ne peut nous accompagner tout comme Daniel qui est solidaire On arrive là haut lorsque le soleil commence à colorer les dômes à 6000 des sommets alentours et que la cinquantaine de geysers et fumerolles est en pleine activité. Ca fume et bouillonne de toute part pour un spectacle son et lumière de premier choix. Ca pèle aussi fichtrement et les moins 9 degrés de température nous figent. Nous attendrons que les rayons du soleil se montrent plus généreux avant d'aller barboter dans les sources d'eau chaude. Pouvoir se baigner à cette altitude n'est pas chose courante et vaut bien qu'on claque des dents en enfilant son maillot. Sur le retour nous croiserons lamas, vigognes, chinchillas,zorro et même des flamants roses comme chez nous.
Le lendemain c'est reparti pour une journée de bus avec un changement à Calama. Lors d'un premier arrêt, quelques jeunes nous surprennent en se précipitant bruyamment vers la sortie. C'est au terminal qu'on saura pourquoi. Maryse vient de se faire chiper son sac. Outre appareil photo, baladeur, lunettes de vue, journal de voyage et autre babioles, disparaissent aussi dollars et beaucoup de pesos et se volatilisent en plus carte bancaire et passeport. Dans la catégorie des donateurs généreux on doit être bien classé. Cette mésaventure nous bloquera 5 jours à Iquique le temps de visiter une paire de commissariats de police, de se frotter à l'administration tatillonne du pays et de recevoir le passeport d'urgence qui permetta de poursuivre le voyage. Un grand merci aux services consulaires de l'ambassade de France à Santiago qui ont fait le maximum pour nous dépanner rapidement.
Pas loin d'Iquique il ne faut pas manquer de visiter la ville fantôme de Humberstone construite en 1872 pour héberger les familles d'ouvriers travaillant à l'usine de salpêtre Santa Laura. Jusque dans les années soixante cette ville abrita 5000 personnes qui abandonnèrent les lieux à la fermeture de la mine. En partie restaurée sous l'égide de l'Unesco et bénéficiant d'un climat extrèmement sec favorable à la conservation, cette ville tout comme l'usine voisine est un bel exemple de sauvegarde d'un patrimoine retraçant une époque glorieuse de l'industrie nord chilienne sur l'exploitation du nitrate. Visite fort instructive.
La dernière étape dans ce pays est la ville d'Arica dans laquelle nous resterons une nuit avant de franchir la frontière du Pérou le lendemain.
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